Les bébés jugent beaucoup les transgressions morales que nous ne le pensions

Les bébés jugent beaucoup plus les transgressions morales que nous ne le pensions, petit garçon à regard exprimé
Les bébés jugent beaucoup plus les transgressions morales que nous ne le pensions

Vous est-il déjà arrivé de croiser le regard d’un bébé et de vous sentir soudainement jugé ? De nouvelles recherches suggèrent que ce sentiment n’est peut-être pas entièrement imaginaire.

Si vous avez fait quelque chose qu’un bébé désapprouve, il pourrait utiliser son regard pour vous distinguer.

Une série d’expériences, menées sur des nourrissons de 8 mois, a permis de prouver que les enfants préverbaux sont des observateurs moraux de tiers.

Lorsqu’ils étaient témoins d’un acte d’agression – joué par de simples animations sur un écran d’ordinateur – les nourrissons participant à l’étude concentraient davantage leur attention sur l’agresseur par la suite.

Si le bébé fixait l’agresseur suffisamment longtemps, un programme de suivi des yeux connecté à l’ordinateur faisait disparaître le personnage.

En d’autres termes, les bébés avaient la possibilité de faire disparaître les animations indésirables avec leurs seuls yeux.

Certains psychologues affirment que ce regard inébranlable est un signe d’intention de punir. Le comportement antisocial de l’agresseur incite les bébés à se concentrer sur lui jusqu’à ce qu’il disparaisse.

Cependant, étant donné que les bébés n’étaient pas capables de s’exprimer par des mots, les auteurs ne peuvent pas être sûrs que les bébés avaient l’intention de punir l’agresseur. Leur attention fixe pourrait également être l’expression d’une certaine prudence face à un personnage instable, ou l’attente que l’agresseur reçoive une conséquence de son acte.

La prise de décision chez les enfants préverbaux est extrêmement difficile à mesurer car la communication est très limitée. Des études antérieures ont montré que les tout-petits, dès l’âge de 19 mois, sont prêts à agir en tant que juges tiers, en retirant les friandises à ceux qui sont activement antisociaux.

Le regard fixe est une forme de punition beaucoup moins développée. Mais si les auteurs ont raison, il pourrait s’agir du premier signe d’une boussole morale chez les enfants, qui est peut-être plus inhérente qu’acquise.

« La moralité est une partie importante mais mystérieuse de ce qui fait de nous des êtres humains », explique le psychologue Yasuhiro Kanakogi de l’université d’Osaka au Japon.

« Nous voulions savoir si la punition par un tiers des autres antisociaux est présente dès le plus jeune âge, car cela permettrait de signaler si la moralité est apprise. »

Une série d’expériences a été utilisée pour explorer pourquoi les bébés de 8 mois pourraient être plus concentrés sur ceux qui commettent un faux pas social.

L’étude a porté sur l’agression physique sous forme de coups, car il s’agit de l’une des erreurs sociales les plus évidentes que connaissent les nourrissons.

D’autres recherches ont montré que les jeunes enfants peuvent distinguer l’agresseur de la victime dans les cas de coups. Ils montrent également une aversion pour ce type de comportement.

Les expériences se sont déroulées sur un écran d’ordinateur. Les nourrissons étaient assis devant l’écran et voyaient deux personnages animés. Leurs yeux étaient suivis pendant l’expérience, et s’ils fixaient un personnage suffisamment longtemps, celui-ci était détruit.

Ensuite, une vidéo montrant l’un des personnages frappant l’autre était projetée aux enfants. À la fin de la vidéo, les bébés étaient à nouveau confrontés aux deux personnages côte à côte. Grâce au système de suivi du regard, les bébés ont vaincu beaucoup plus d’agresseurs que de victimes.

L’expérience a été reproduite et répétée plusieurs fois avec différentes variantes, notamment un coup léger donné par un objet qui tombe, et une chance égale que les deux personnages soient punis, quel que soit celui que l’enfant regarde. Il s’agissait de s’assurer que les enfants ne préféraient pas simplement les personnages agresseurs ou qu’ils regardaient pour s’assurer que l’agresseur soit puni.

Les interactions sociales violentes en particulier.

« Les résultats ont été surprenants. Nous avons constaté que les nourrissons préverbaux choisissaient de punir l’agresseur antisocial en augmentant leur regard vers l’agresseur », explique M. Kanakogi.

« L’observation de ce comportement chez de très jeunes enfants indique que les humains pourraient avoir acquis des tendances comportementales vers un comportement moral au cours de l’évolution. Plus précisément, la punition des comportements antisociaux pourrait avoir évolué comme un élément important de la coopération humaine. »